SCHÉMA NARRATIF

Le schéma narratif
I.1. Présentation
Le schéma narratif se compose de cinq étapes.


Situation initiale


La situation initiale est le point de départ du récit. Dans cette phase, on décrit le héros ou l’héroïne dans une situation stable. On présente aussi le cadre spatio-temporel de l’action.
Attention! Parfois, le récit débute au milieu d’une action. Dans ce cas, on parle de début in medias res.


2) Élément perturbateur / déclencheur


Tout d’un coup, un événement survient et perturbe la situation d’équilibre. Le personnage principal va donc entreprendre des actions en vue de retrouver l’équilibre, rétablir l’ordre. L’élément déclencheur constitue un problème auquel le personnage principal se doit de faire face.


Cet élément peut revêtir plusieurs formes:
un événement extérieur,
Une décision prise par un personnage (projet, mariage, voyage, etc.)
L’arrivée ou la disparition d’un personnage.
L’élément perturbateur joue un rôle essentiel dans la narration: il change le cours de l’histoire et est à l’origine de toutes les actions menées par le personnage. Toutes les péripéties vécues par les personnages du récit se définissent par rapport à cet événement déclencher.
L’élément déclencher provoque la surprise, suscite l’étonnement des personnages et à travers eux du lecteur et crée un moment de tension.

3) Déroulement, actions ou péripéties


Le déroulement de l’histoire est constitué des diverses péripéties de l’histoire: toutes les actions entreprises par le personnages principal.
Le troisième élément du schéma narratif correspond à ce que l’on appelle « péripétie ». Nom féminin, « péripétie » vient du grec peripeteia, c’est-à-dire « événement imprévu ». Selon Le petit Robert, ce terme a deux sens: le premier, qui date de 1740, renvoie à un changement de situation dans une action dramatique ou dans un récit. Dans ce sens, « Péripétie » est l’événement soudain qui pose problème, qui entraine une situation de crise « d’où sort le dénouement ».


« De pareils dénouements sont toujours froids (…) parce qu’ils n’ont point ce qu’on appelle la péripétie » (Voltaire).


Le second, qui date de 1762, désigne tout « événement imprévu », c’est-à-dire un événement inattendu, qui survient de manière soudaine et brutale (cf. Coup de théâtre). On parle alors des péripéties d’un voyage, des négociations, des travaux. Aussi pourrait-on dire que les négociations ont connu quelques péripéties. « Péripétie » a le sens de « rebondissement », « retournement de situation » ou encore de « surprise ». Une péripétie est un noeud de l’histoire, modifie une situation stable, rompt avec une situation antérieure, stable. Dans les oeuvres narratives, une péripétie est un fait marquant, un changement inattendu dans le cours de l’histoire, un changement soudain de la situation d’un personnage et qui affecte le déroulement narratif d’un récit et en soutient l’intérêt. En effet, un récit est d’autant plus intéressant qu’il comporte une quantité importante de péripéties. Donc une péripétie est un obstacle à franchir, un problème à résoudre, etc. Elle est alors ce qui fonde le récit, motive ou justifie la narration. On aura compris que la péripétie n’est pas un événement habituel, sans intérêt, dérisoire, mais un événement déconcertant, déroutant et qui est donc d’une importance majeure dans le déroulement de la narration.
Dans une narration, les péripéties sont les divers rebondissements de l’histoire et sont provoquées par l’élément perturbateur.
Pourquoi le pluriel « péripéties » et non pas « péripétie ». Cela s’explique par le fait qu’une histoire comporte plusieurs événements imprévus et donc plusieurs péripéties. Le pluriel désigne donc un ensemble de situations qui deviennent, au fil du récit, de plus en plus importantes et de plus en plus intenses, telles que la souffrance, la peur, etc., jusqu’au moment où l’intrigue atteint son point culminant. C’est ce moment précis que l’on appelle climax. Il s’agit de l’événement qui entraine l’histoire vers son dénouement, sa résolution et juste après au retour à une situation stable.

Les péripéties sont essentiellement des événements soudains qui, dans un récit, sont justement rapportés au passé simple.
Les péripéties sont toutes les actions qui résultent directement de l’élément déclencher. Ce sont toutes les actions réalisées pour rétablir l’ordre. Cette phase est centrée sur le sujet de quête (le personnage principal). Dans cette partie du récit, on décrit le personnage principal. Le but étant de:
mettre en valeur ses qualités;
Révéler ses faiblesses ou insuffisances;
Montrer les relations qu’il entretient avec les autres personnages (adjuvants et opposants).


4) Dénouement


Le dénouement correspond au moment où le personnage réussit ou échoue dans sa quête. L’événement qui entraîne l’histoire vers son dénouement.
Ce nouvel équilibre apaise la tension dramatique du récit sans pour autant l’éliminer définitivement.


5) Situation finale


C’est le moment où le personnage principal retrouve sa situation de départ ou vit une nouvelle situation. Ce nouvel équilibre apaise la tension dramatique du récit sans pour autant l’éliminer définitivement.
La résolution peut s’opérer de plusieurs façons:
les choses rentrent simplement dans l’ordre;
Les personnages peuvent traverser de grandes épreuves
De façon extérieure, comme par magie; on parle dans ce cas de deus ex machina.

I.2. Illustrations (Référence: Ellipses, pp. 43-46)
I.2.1. Exemple 1: Cendrillon


Voici un exemple qui présente le schéma narratif d’une des versions du conte: Cendrillon de Charles Perrault:

I.2.2. Exemple 2: Récit d’aventures

I.2.3. Un autre exemple d’un schéma narratif d’une nouvelle littéraire
— Guy Maupassant, « La Parure », 1884 (cf. Ellipses: pp. 43-46)

Situation initialeAprès la mort de son père, Cendrillon devient la servante de sa méchante belle-mère et de ses deux filles.
Élément déclencheurLe prince organise un bal auquel tout le village est convié.
Déroulement1° Alors que la belle-mère et ses deux filles se préparent pour le bal, Cendrillon est sommé de rester à la maison et d’exécuter les diverses tâches ménagères.2° Cendrillon est triste de ne pas pouvoir aller à al soirée organisée par le prince. Tout à coup, une fée marraine et lui offre une caresse et des vêtements. Grâce à cela, Cendrillon put alors se rendre au bal, plus encore elle éblouit le prince et toute la cour. Mais elle ne devait pas dépasser minuit.3° À minuit, elle quitta en quittant rapidement le château, elle perd une de ses chaussures.
DénouementVoulant retrouver la belle inconnue du bal, le prince demanda à toutes les jeunes filles du royaume d’essayer la chaussure abandonnée par cendrillon. C’est ainsi qu’il retrouva l’élue de son coeur.
Situation finaleCendrillon quitta la demeure familiale et épousa le prince. Le couple est heureux et fonde une famille.

I.2.2. Exemple 2: Récit d’aventures

Situation initialeLa scène se passe en été 2044. Deux jeunes téméraires, Bruno et Vincent, décident de grimper le mont Robson qui est le point culminant des Rocheuses canadiennes.
Élément déclencheurBruno fait un mauvais pas et se blesse à la jambe. Il est incapable de marcher.
Déroulement1° Vincent décide de rebrousser chemin pour aller chercher de l’aide.2° En descendant la montagne, il a eu un petit ennui: il tombe dans une crevasse, mais il s’en sorti grâce à son piolet.Au pied du mont, Vincent trouve des secouristes qui préparent l’hélicoptère d’urgence et vont à la recherche de Bruno.
DénouementLe pilote repère le jeune blessé et l’équipe de secours qui prend la situation en main.
Situation finaleBruno est amené à l’hôpital pour être d’être soigné. Vincent est soulagé se soit rétabli petit à petit.

I.2.3. Un autre exemple d’un schéma narratif d’une nouvelle littéraire

— Guy Maupassant, « La Parure », 1884 (cf. Ellipses: pp. 43-46)

Situation initiale« C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés. Elle n’avait pas de dot, pas d’espérances, aucun moyen d’être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué; et elle se laissa avec un petit commis du ministère de l’Instruction publique. » 
Élément déclencheur ou perturbateurElle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n’aimait que cela; elle se sentait faite pour cela. Elle eût tant désiré plaire, être enviée, être séduisante et recherchée.Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant. Elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux et tenant à la main une large enveloppe.— Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.Elle déchira vivement le papier et en tira une carte qui portait ces mots: « Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. Et mme Loisel de leur faire l’honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministère, le lundi 18 janvier. »
Déroulement(Péripéties et actions)« — Cela m’ennuie de n’avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi. J’aurai l’air misère comme tout. J’aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée.Il reprit:— Tu mettras des fleurs naturelles. C’est très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques.Elle n’était point convaincue.— Non … il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir l’air pauvre au milieu de femmes riches.Mais son mari s’écria:— Que tu es bête! Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela.Elle poussa un cri de joie.— C’est vrai. Je n’y avais point pensé.Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse. Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l’apporta, l’ouvrit, et dit à Mme Loisel:— Choisis, ma chère. »
(…)
Après la soirée Mme Loisel rentre chez elle avec son époux
« Elle ôta les vêtements dont elle s’était enveloppé les épaules, devant la glace, afin de se voir encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri. Elle n’avait plus sa rivière autour du cou!Son mari, à moitié dévêtu déjà, demanda:— Qu’est-ce que tu as?Elle se tourna vers lui, affolée:— J’ai … j’ai … je n’ai plus la rivière de Mme Forestier. »
Dénouement(Résolution)Mme Loisel rachète une parure de diamants identique et la rend à son amie sans rien lui dire. Elle met des années à rembourser cet achat.
Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C’était mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante.Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler? Oui, certes. Et maintenant qu’elle avait payé, elle lui dirait tout. »
Situation finale« — tu te rappelles bien cette rivière de diamants que tu m’as prêtée pour aller à la fête du ministre.— Oui. Eh bien?— Eh bien, je l’ai perdue.— Comment! Puisque tu me l’as rapportée.— Je t’en ai rapporté une autre toute pareille. Et voilà dix ans que nous la payons? Tu comprends que ça n’était pas aisé pour nous, qui n’avions rien … Enfin c’est fini, et je suis rudement contente.Mme Forestier s’était arrêtée.— Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour remplacer la mienne?— Ou. Tu ne t’en étais pas aperçue, hein! Elles étaient bien pareilles.Et elle souriait d’une joie orgueilleuse et naïve.Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains.— Oh! Ma pauvre Mathilde! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs! … »


Citer ce billet
Saïd TASRA (2022, 10 janvier). SCHÉMA NARRATIF. LA LEÇON. Consulté le 27 mars 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/nee0

Publié le
Catégorisé comme Billets

Par Saïd TASRA

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Dhar El Mahraz. Université Sidi Mohamed ben Abdellah de Fès (Maroc).

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